2009. Encre et impression papier, traitement numérique, 21 x 29,7.
Autopsie d'une oeuvre, de et par François Poyet
L’œuvre, jointe à ce
texte, dont on ne sait le titre au premier abord, ressemble, au fond,
dans les acceptions littérales et figurées du terme, à une portée
musicale qui imiterait les touches d’un piano, à moins qu’elle
ne simule un code-barres particulièrement taggué.
Quelle embrouille, quelle
kabbale à décoder, à décortiquer !
En arrière plan, nous
distinguons ce que je nomme une anamorphographie, c’est à
dire un texte étiré, tel une anamorphose, que l’on ne comprend
que lorsqu’on incline la page du dit texte de manière à comprimer
la perspective.
Que découvrons-nous,
alors ?
HALLALI, THOT, AIME, EST
A BOUT. PTAH OPTA POUR LE PTYX.
Tiens, une inscription
telle qu’on peut la découvrir dans les Impressions
d’Afrique et Nouvelles impressions d’Afrique
de Raymond Roussel ?
Cette formule est un
exemple de ce que j’ai dénommé, hypertropisme qui procède
du principe qu’il convient d’exploiter tous les procédés
littéraires à outrance, tous les tropes, -de la figure de style à
la figure de rhétorique en passant par tout ce que nous offre la
linguistique depuis les homophonies, les anastomoses (James Joyce,
Charles Dodgson,) les anacoluthes, la parataxe, les coquecigrues, les
télescopages, les catachrèses, les synecdoques, les oxymores, les
glossolalies, jusqu’aux polysémies, etc.- et de les ramasser, les
concentrer en des nœuds susceptibles d’être raccordés ou non à
d’autres.
Il s’agit d’une
nouvelle élémentique (un des 4 concepts principaux proposés
par Isou pour analyser une œuvre) constituée d’éléments
complexes tels que, par analogie, ont pu nous l’enseigner les
physiciens en dépassant l’atome de Démocrite par celui de Niels
Bohr, d’après Louis de Broglie.
Si l’on reprenait un
autre concept d’Isou tiré de son Bouleversement du Théâtre, il
s’agirait de celui d’impliques qui s’opposent aux
répliques traditionnelles et qui par conséquent se présentent
comme des formules indépendantes et autonomes.
Bien entendu, les
connaisseurs oseront le parallèle avec, sur un plan plastique, ma
conception de l’hypergraphie modulaire
tridimensionnelle, (autonomie modulaire).
J’ajoute, pour rester
dans ces considérations des formules libres les unes des autres, que
Blaise Pascal écrivait ses Pensées sur des bouts de feuilles
qu’il perçait pour les relier par un fil et que Louis Ferdinand
Destouches assemblait ses chapitres par des pinces à linge.
Reprenons le texte
proprement dit ou écrit :
HALLALI,
THOT = Ah, la litote
THOT AIME, EST A
BOUT = Totem et tabou, titre de Freud
THOT, divinité
égyptienne de l’écriture.
PTAH, divinité
égyptienne du verbe
PTYX, hapax utilisé par
Victor Hugo, Alfred Jarry puis Stéphane Mallarmé dans son Sonnet
allégorique de lui-même.
Ceci vous donne une idée
de ce qu’est l’hypertropisme, -déjà décliné par moi à
des milliers d’exemplaires,- ou nodalies (de nœud) que je
m’autorise à utiliser dans n’importe quelle circonstance.
A cet égard, je précise
que je n’ai jamais utilisé de contrepèteries (1),
contrairement à ce qu’a laissé entendre un lettriste dans un
texte.
En effet, dans le cadre
de l’art infinitésimal, -invention d’Isou- où tout élément
n’est pris en compte que pour autant qu’il permette dans imaginer
un autre, structure qui valorise la transmutation des sens, j’ai
surtout utilisé, comme tremplin à cet art, des ambigüités du
langage comme les homophonies, c'est-à-dire des suites de
langue ayant un son commun pour des sens différents, dégagées de
toute préoccupation poétique. On trouve dans le passé ce genre de
formules d’une manière accessoire et fantaisiste chez des poètes,
comme Victor Hugo, Charles Cros, Jean Goudezki, Alphonse Allais,
Louise de Vilmorin, sous le nom de vers holorimes qui riment
sur toute leur longueur. Ces derniers, néanmoins, n’avaient
malheureusement pas été affranchis des contraintes de ce qui semble
symboliser et caricaturer la poésie, à savoir les distiques
alexandrins, alors qu’en même temps se développaient les vers
libres. Mes homophonies ne peuvent, non plus, se réduire à de
simples allitérations et assonances éparses dans un texte
quelconque.
La contrepartie
d’homologuer des textes est qu’on ne peut plus les renier. Ceci
vaut aussi pour internet où on a la possibilité de retrouver ce qui
a été transformé, censuré, omis.
Après cette parenthèse
cathartique, reprenons notre description :
Superposées au fond
« anamorpho-hypertropique », des bribes de texte
« écrites » dans un style hypergraphique (l’hypergraphie
est encore une invention d’Isou), où, indépendamment des scripts,
mis en abyme, anamorphographie hypertropique et piano,
piano, -pour la ressemblance graphique-, on trouve « Thot
et Ptah, tout a un sens » intégré à quelques signes
arbitraires inventés.
Le cercle n’a de sens
que dans la structuration graphique, le K signifie mille.
Cela me rappelle encore
Raymond Roussel et son Comment j’ai écrit certains de mes
livres.
Prétérition : je
ne développerai pas ici le caractère « sui generis »,
c'est-à-dire endogène de ces formules hypertropiques, construite de
l’intérieur de corrélations hybrides, par opposition au caractère
exogène de la poésie classique qui rencontre son paroxysme dans
les fatrasies, (ni les dadaïstes, ni les surréalistes, ni
les lettristes n’étaient encore nés) ou des tentatives
oulipistes qui infligeaient une règle extérieure unique aux
textes tels les lipogrammes (exclusion d’une lettre dans un écrit
comme un e dans La Disparition de Georges Perec)
ou encore la suite époustouflante d’anagrammes de
Gabriel-Antoine-Joseph Hécart dans son fameux Anagramméana
(1821).
Pour résumer, j’oppose
un squelette (le seul mot masculin français qui se termine ainsi) à une carapace de
mollusque.
L’hypertropisme ou
nodalies sont des ensembles, des conglomérats où chaque règle de
concaténation n’est présente que pour mieux dénoncer la
précédente et la suivante. En ce sens, elle se développe à
l’image de l’excoordisme par extension et coordination.
Comme, la plupart du
temps, un domaine progresse par des créations, des inventions, des
découvertes extérieures, extrinsèques, tels les progrès
techniques pour l’évolutions des sciences et vice versa, j’ai
associé des notions totalement indépendantes telles les homophonies
à l’art infinitésimal (autrement nommé esthapéïrisme
par Isou), ainsi que mes anamorphographies à l’art excoordiste
d’Isou défini comme (je vous le rappelle) structure d’expansion
et de coordination donnant ainsi une nouvelle dimension à l’art
infinitésimal ; Autrement dit, je propose des greffes
indépendantes et transversales qui bouleversent totalement les
applications mécanistes du lettrisme ; des structures qui
s’intègrent et se fusionnent.
J’ajoute que j’ai
révélé d’autres structures déjà exposées, structures à
dièdres, plagiées par la suite, signes origamiques,
les monochromes sympathiques (cryptés) etc. pantoufles.
Bien que tout cela puisse
vous paraître abscons dans un premier temps (remarquez que je n’ai
pas écrit l’art abscons) et que j’invite à la plus grande
transparence, je ne puis m’empêcher de vous soumettre cette phrase
que j’ai écrite sur le mur de ma chambre quand j’avais quatorze
ans, l’incompréhensible c’est la dure
nécessité, foi de sceptique, de pyrrhoniste ou de zététique,
littéralement chercheur, auquel il faut naturellement, depuis
que vous avez appris à me connaître, substituer le mot trouveur,
selon les dires de Picasso ; « je ne cherche pas, je
trouve.»
Un petit dernier pour la
route, une homophonie : Philippe erre trop : pisse, maman !
File, hypertropisme amant !
Poyet 09/09
ien que j’en connaisse l’essence, l’histoire, l’Album
de la Comtesse, Luc Etienne et une des plus célèbre du non
moins fameux auteur d’antistrophes, François Rabelais, qui nous a
gratifié de Elle est folle de la messe pour elle est
molle de la fesse,-